Mieux vaut-il que le jeune adolescent commence par le vapotage afin d’éviter qu’il fume ou ne doit-il pas en user au risque de se tourner vers le tabac ? Un article socio-philosophique fort intéressant publié par l’université d’Oxford aborde cette problématique éthique entre les intérêts sanitaires de la population générale et ceux des adolescents. L’auteur a l’approche suivante : supposons, aux fins de l’argumentation, qu’un large accès aux cigarettes électroniques aiderait un grand nombre de fumeurs à arrêter et d’autres à éviter de fumer, avec un effet cumulatif dramatique sur la santé de la population. Mais supposons aussi que de nos jours, les adolescents bénéficient rarement de cet effet, car la plupart ne fument pas et ne sont pas censés fumer à l’âge adulte.
Or de nombreux adolescents sont adeptes du vapotage. Alors que l’effet net du vapotage sur la santé publique générale devrait rester très positif, faut-il quand même lutter contre le vapotage afin de protéger les adolescents des risques directs du vapotage ? Par exemple, que faire si et quand certaines réglementations ciblées qui protégeraient les adolescents permettraient également, en rendant plus difficile le vapotage, d’augmenter considérablement le tabagisme dans la population générale ? Cette situation peut être courante et en opposant les intérêts de santé de la population générale à ceux des adolescents, se pose un dilemme éthique.
Cet article soutient philosophiquement que si de tels compromis entre les intérêts de santé des adolescents et ceux de la population générale existent, moralement, il est à la fois permis et préférable de promouvoir la santé de la population générale.
Rescuing vapers vs. rescuing smokers: the ethics. Nir Eyal. Nicotine & Tobacco Research, https://doi.org/10.1093/ntr/ntaa157 – 25 August 2020
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